Terroir

La renaissance du vignoble

Entre vigne et olivier, les Alpilles en arrière plan

Le domaine de Lagoy a toujours comporté un vignoble, ainsi que des oliviers, des amandiers et des mûriers (en très petit nombre aujourd’hui pour les deux derniers) car ces cultures sont traditionnelles en Provence où elles s’épanouissent dans un climat particulièrement adapté. C’est en tous cas sur le domaine qu’a été abordée pour la première fois de manière scientifique l’étude du phylloxéra. En 1868, Lagoy est en effet le théâtre d’un événement historique : la découverte du phylloxéra par le père du peintre Frédéric Bazille. Dans la biographie de ce peintre, François Bernard Michel en fait le pittoresque récit :

« […] Le fléau était apparu, deux ans plus tôt, dans le territoire d’Orange : les feuilles jaunissaient, les sarments ne poussaient pas l’année suivante et l’on voyait, la troisième année, mourir les ceps dont pourrissaient les racines […].

« La Société centrale d’agriculture de l’Hérault – l’une des premières à réagir – tint le 6 juillet 1868  » une séance solennelle de réflexion et de décision « . Dans une salle comble, l’émotion fut à son paroxysme quand Gaston Bazille conclut son discours par cette prophétie terrible  » Si nous n’arrêtons pas le fléau, un immense drap mortuaire recouvrira bientôt tout le Midi « .

« L’orateur fut aussitôt investi de la direction d’une délégation spéciale mandatée pour déceler l’origine du mal. Et le voilà, un matin de juillet, vêtu malgré la chaleur de cet été 1868 (37° à l’ombre) de la jaquette de cérémonies et coiffé du haut-de-forme pour accueillir les personnalités venues l’attendre devant son hôtel de la grand-Rue, avant de partir pour la Provence. Le directeur de l’école supérieure de pharmacie, Emile Planchon, professeur à la faculté des sciences, et Félix Sahut, un viticulteur particulièrement expérimenté, […] l’accompagnaient […].

« Le trio d’experts fit sa découverte célèbre le 15 juillet à 14 heures, dans le vignoble du château de M. de Lagoy, près de Saint-Rémy-de-Provence. Après qu’un journalier eut arraché devant eux une souche défeuillée, ils examinèrent ses racines à la loupe et ne leur trouvèrent d’abord rien d’anormal : aucun cryptogame. Après une observation prolongée, cependant, ils décelèrent, sous le verre grossissant, un puceron jaunâtre, fixé au bois dont il suçait la sève. Et en explorant attentivement, ce n’est plus un, ce n’est plus dix, mais des centaines et des milliers de pucerons qu’ils aperçurent, disséminés sur toute l’étendue des racines, profondes ou superficielles. Ah! Voilà l’ennemi, s’écria M. Bazille en brandissant la souche malade. Eh bien, il périra! Et renaîtra notre vignoble. » [2]

L’ancien chais du domaine

La vinification –  surtout du vin rouge à l’époque – avait lieu dans des installations datant du XIXe siècles accolés à un bâtiment plus ancien – aujourd’hui classé – contenant outre des caves voûtées, un des plus anciens pressoirs à olives de la région, daté de 1707.

La présence de la vigne à Lagoy a cependant connu une éclipse récente, après la deuxième guerre mondiale ; si la présence d’un vignoble est visible tout près du château sur les photos aériennes de 1947, son exploitation a probablement été interrompue vers 1955.

La vigne actuelle a été plantée par mon père à partir de 1976 sur le plateau de la petite Crau, au-dessus du château.

Le nouveau vignoble a vite produit des vins rouges et rosés IGP Alpilles dont la qualité était remarquée : le vin de Lagoy a été cité par Jean-François Revel dans ses mémoires « Le voleur dans la maison vide ». Si les vins de Lagoy étaient bien mis en bouteilles à la propriété, leur élaboration était confiée à des tiers (notamment la cave coopérative de Noves).

Le vignoble a été converti au bio dès 2001.

Le choix du bio est courageux, surtout à l’époque : certes le climat du plateau de la Petite Crau est favorable à une culture biologique de qualité car le mistral qui y souffle limite les problèmes de santé de la vigne causés par l’humidité mais les récoltes sont plus faibles, et le travail du sol beaucoup plus exigeant.
Ce travail est rendu difficile par la présence de nombreux galets – qui par ailleurs, en restituant la nuit la chaleur emmagasinée le jour, constituent un autre facteur favorable à la vigne.

Le vin de Lagoy a pris un nouveau virage à partir du 2013 avec l’arrivée d’une nouvelle équipe aux commandes : obtention d’une médaille argent au Concours Général Agricole de Paris en 2014 pour notre rosé 2013 avec une relance de la commercialisation en bouteilles (nouvelles bouteilles et étiquettes, adoption d’un logo).
La famille a pris alors la décision de relancer la vigne comme élément central du domaine et de vinifier de nouveau à la propriété. Il nous est rapidement apparu que les anciennes installations de vinification, même remises en état, ne pouvaient s’adapter à la vinification moderne, et que les superbes voûtes anciennes, où nous stockions le vin que la coopérative avait préparé, serait beaucoup plus adaptées comme caveau de vente.

Le nouveau chai du Domaine de Lagoy

Notre famille a donc décidé la construction d’un nouveau chai pourvu des équipements les plus modernes, mais, comme il n’est de richesses que d’hommes selon l’expression de Jean Bodin, il fallait d’abord que des professionnels nous rejoignent : Agnès, responsablede la partie comptable et administrative, qui développe avec succès le magasin et la clientèle Provençale, puis le responsable de l’activité vin, du vignoble au chai, Mathieu Kasdi qui entraîne nos productions vers toujours plus de qualité.

Ainsi les vendanges entièrement « Lagoy » ont pu avoir lieu de nouveau en 2016, ce premier millésime étant mis en bouteille début 2017.

Le nouveau chai du Domaine de Lagoy : moderne et respectueux du vin

Dernier maillon de la chaîne, mais pas le moins important, le magasin de vente dédié aux vins du Domaine dans l’hôtel de famille à Saint Rémy de Provence a été profondément rénové pour en faire un nouvel écrin digne des nouveaux breuvages.

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